Tu m'agaces, je t'agace…

Belle conjugaison, non ?

Et oui, un premier signe de maturité sur le sujet est de reconnaître qu'on agace autant qu'on est agacé(e) !

Comment ça, "c'est pas vrai !" ? Ah bon, "on ne peut pas comparer" ? Ce genre de résistance est courant et évidemment l'auteur de ces lignes n'y échappe pas ; d'ailleurs, sa femme le lui rappelle…

L'expression siffle comme un serpent, vous ne trouvez pas ? Bien que s'écrivant avec un c, l'envie nous taraude d'y mettre une ribambelle de s…

C'est quoi l'agacement en fait ?
"Enervement mêlé d'impatience" nous dit le Robert, ce qui semble placer cette réaction, en terme d'intensité, en dessous de la colère. Moins dangereuse, donc ?

Attention, danger !

Je trouve l'agacement plus dangereux, surtout s'il s'installe dans une relation.

Si je devais faire une rapide distinction, en me basant sur mon expérience confirmée de grand agacé, je dirais que la colère sert d'abord à protéger même si elle prend évidemment la forme d'une attaque ; il s'est passé quelque chose que je ne supporte pas car cela empiète mes intérêts, mes besoins.

Alors que l'agacement revient à ne pas supporter quelque chose chez l'autre.
C'est une réaction ponctuelle - qui peut devenir un sentiment dans la durée et la répétition - qui juge.

Yolande prend parfois des précautions avec moi.
Exemple avant-hier : "Ça t'agace si je prépare déjà les affaires pour notre randonnée et séjour à l'hôtel de jeudi ?".

Je trouve dommage qu'elle doive prendre une telle précaution mais je la comprends ; elle sait que ça m'agace de s'y prendre tellement à l'avance et de voir les affaires prêtes dans mon chemin d'ici notre départ.
On est bien d'accord : je suis carrément dans le jugement et plutôt loin de défendre quelque chose (éventuellement mon sens du beau piétiné sauvagement par des affaires entreposées dans notre espace de vie principal), non ?

Début de solutions ?

La plus évidente revient d'abord à revenir à la première affirmation de cet article : je trouve chez l'autre des trucs vraiment agaçants mais lui en trouve aussi sans doute chez moi ! Surtout dans une relation régulière, il faut quand même accepter qu'il y a des sujets d'agacement mutuel, point.

De temps en temps, ça peut être instructif de faire une liste des trucs qui m'agacent chez l'autre et de la partager… si possible avec un peu d'humour !

A moins de laisser s'installer l'agacement - au risque évidemment de mettre en péril la relation - la seconde solution est de se laisser interroger sur sa propre carte du monde : est-elle l'unique ? La meilleure ? Supérieure à la carte de l'autre ?
En terme d'accompagnement professionnel, cela s'appelle interroger ses croyances et, le cas échéant, accepter de les "ramollir"…

Oui, vraiment, l'agacement qui s'installe est dangereux.

Une relation peut sans doute s'en accommoder mais c'est au prix de la joie.
C'est un coût exorbitant, non ?